Rechercher
Menu

“Dis-moi ce que tu manges, je te dirai comment va ton cerveau”

Pour bien fonctionner, le cerveau et ses structures annexes ont besoin de protéines, de glucose, d'enzymes, d'acides gras essentiels, de vitamines, d'oligo-éléments, d'oxygène, d'amour, de plaisir et de folie !

LA CHRONIQUE DE CHRISTIAN BRUN. Quelle est la relation entre notre santé mentale et notre alimentation quotidienne ? Quels peuvent être les effets de notre nourriture sur notre humeur et notre comportement ? Voici comment notre assiette influence notre équilibre psychique.

Les propriétés des aliments, du point de vue comportemental, sont connues depuis fort longtemps : n'omettons pas qu'Eve fut la première à utiliser les vertus d'un aliment, la pomme, qu'elle donna à Adam.

Pour tout comprendre, il faut s'intéresser au cerveau, l'organe le plus vascularisé de l'organisme, par lequel passent environ 2000 litres de sang par 24 heures. Pour bien fonctionner, le cerveau et ses structures annexes ont besoin de protéines, de glucose, d'enzymes, d'acides gras essentiels, de vitamines, d'oligo-éléments, d'oxygène, d'amour, de plaisir et de folie !

Le lien étroit entre aliments et neurotransmetteurs

Le cerveau est formé de milliards de cellules (neurones) qui ne se touchent pas. Elles communiquent entre elles grâce à une jonction nommée synapse qui n'est qu'un espace dans lequel vont être déversées des substances chimiques : les neurotransmetteurs ou neuromédiateurs (adrénaline, acétylcholine, dopamine...). Ces neurotransmetteurs ou neuromédiateurs sont synthétisés par les cellules nerveuses à partir des éléments contenus dans nos aliments : les protéines. Ce sont des messagers chimiques qui franchissent la barrière hématoméningée (1). Ils véhiculent nos émotions, nos pensées, nos sentiments et sont responsables de nos comportements. Les aliments contribuent à élaborer des neurotransmetteurs différents, qui ont chacun une action et une fonction spécifique sur le système nerveux :

- La dopamine. Synthétisée à partir de l'acide aminé nommé tyrosine, la dopamine agit sur la sécrétion de l'hormone de croissance. C'est le neurotransmetteur du plaisir, de la motivation, de l'émotion, du désir sexuel, de la vigilance. Viande et fromage sont riches en tyrosine. Il convient d'apporter conjointement des nutriments cofacteurs comme les vitamines du groupe B (vitamines du système nerveux), notamment B6 et B9, ainsi que de la vitamine C et des minéraux (magnésium et fer).

- L'acétylcholine. Synthétisé à partir de la choline et de la vitamine B5, l'acétylcholine est le neuromédiateur responsable de la mémoire et de la concentration. Les aliments riches en choline sont les légumes verts à feuilles, les germes de blé, la lécithine.

- La sérotonine. Synthétisée à partir de l'acide aminé appelé tryptophane, la sérotonine est considérée comme l'hormone du sommeil, de la détente, de la relaxation, du calme, de la sérénité, elle inhibe les pulsions de toutes sortes y compris sexuelles. Les aliments riches en tryptophane sont les bananes, le lait, la dinde, l'ananas, les œufs, les dattes, les noix.

- L'adrénaline. Egalement synthétisée à partir de la tyrosine, c'est l'hormone du stress.

- La noradrénaline. Toujours synthétisée à partir de la tyrosine, la noradrénaline est le neurotransmetteur de l'éveil, du désir sexuel, de la sociabilité, de l'apprentissage.

- Le GABA (acide gamma-aminobutyrique). Synthétisé à partir de l'acide glutamique, en présence de vitamine B6 et de vitamine C, il occupe une grande place dans le cerveau. Comme l'acétylcholine, le GABA est responsable de la mémoire. C'est aussi un inhibiteur, un relaxant, un calmant, un anxiolytique. Les aliments riches en glutamine sont le son, le blé complet, les amandes, les noisettes.

"La composition même des aliments détermine certains comportements relationnels"

Le rôle des apports en glucose, vitamines et acides gras

Le cerveau et ses constituants ont aussi besoin, soit directement, soit comme cofacteurs de :

- Glucose. La seule source d'énergie du cerveau qui en consomme 4 grammes par heure ! Le magnésium, les vitamines du groupe B et le coenzyme Q10 (ou ubiquinone) permettent au glucose d'arriver dans le cerveau et de franchir la barrière hématoencéphalique.

- Oxygène. La cellule ne recevant plus ou plus assez d'oxygène indispensable ne pourra plus synthétiser de l'énergie, qui aurait permis d'effectuer d'autres métabolismes (fabrication d'enzymes, d'hormones, d'anticorps....). Il faut donc apporter à nos cellules une quantité d'oxygène suffisante grâce à l'exercice physique.

- Vitamines et oligo-éléments. Il est important d'absorber chaque jour des quantités suffisantes de vitamines et d'oligo-éléments pour assurer de bonnes réactions métaboliques. De faibles déficits en nutriments peuvent affecter la pensée, la mémoire et toute l'activité cérébrale.

Les vitamines du groupe B sont plus concernées dans les troubles psycho émotionnels et comportementaux. Or, une grande partie des Français est carencée en vitamine B. Les aliments riches en vitamine B1 (thiamine) sont le riz, l'avoine, les amandes, les noix, les noisettes, les pommes de terre, les céréales complètes, les flocons d'avoine, les œufs, le poisson, la volaille.

Le magnésium. Le tabac, le café, l'alcool, la pilule, les graisses saturées, mais aussi la sécrétion massive d'adrénaline par trop de stress font fuir le magnésium. Les aliments riches en magnésium : les amandes, noisettes, noix, figues, poisson, fruits de mer, légumineuses, brocolis, légumes verts, céréales complètes, le chocolat, ainsi que certaines eaux minérales telles qu'Hépar, Badoit, Contrex.

Le bore. Cet oligo-élément agirait sur l'activité électrique du cerveau en le rendant plus alerte. Les aliments riches en bore : noix, légumineuses, brocolis, fruits, miel...

Le lithium. Il est connu pour son efficacité dans les troubles maniaco-dépressifs. Il est donc fondamental dans la régulation du système nerveux et du psychisme. Utile notamment pour aider l'anxieux, le déprimé, l'hyperexcité... Attention ! Il est toxique à doses pondérales. Les aliments riches en lithium : betteraves, carottes, choux, laitue, œufs, tomates, céréales complètes, légumes verts, pommes de terre, poisson...

L'iode. Il régule la glande thyroïde, glande de l'émotion. L'iode participe à la maturation du cerveau et favorise la confiance en soi, prévient l'aliénation mentale et la dépression nerveuse.

C'est l'oligo-élément des échanges amoureux. Les aliments riches en iode : oignons, navets, radis, légumes verts, fruits de mer, ananas, poisson, ail, cresson, algues.

- Les acides gras. Le cerveau humain, les cellules nerveuses et leur connexion (les synapses) ainsi que les membranes cellulaires, les récepteurs membranaires, la gaine de myéline (gaine recouvrant certains nerfs et favorisant la propagation de l'influx nerveux) dans leur ensemble sont très riches en acides gras poly-insaturés, issus des deux acides gras essentiels (acides linoléique et alphalinoléique). Pour garder un cerveau bien huilé, consommez 2 à 4 c. à soupe d'huile par jour.

Comment aliments, épices et plantes influent sur notre comportement

La composition même des aliments, épices ou plantes aromatiques et dites médicinales et/ou leur principe actif peuvent déterminer certains comportements relationnels, une modification de la personnalité avec autrui. Quelques exemples :

- La laitue (la lactusine, l'hyosciamine) peut provoquer un demi-sommeil.

- Le lait avec son tryptophane facilite l'endormissement.

- Les œufs contiennent de la choline, substance calmante. Si une personne en consomme, son comportement s'orientera vers le calme.

- Le fenouil contient du fenchone et pinène, ce qui lui donne son effet stimulant.

- Le romarin, plante réputée pour son action sur le foie, est aussi un excellent aphrodisiaque. (Attention à ne pas en faire un usage forcené sous peine d'hypertension et de cirrhose).

- Le persil, en plus de contenir beaucoup de vitamine C, grâce à son apiol, produit un effet calmant, sédatif.

En conclusion, il ne fait aucun doute que nos aliments peuvent nous assurer une meilleure santé mentale si nous savons les choisir. L'homme ne se nourrit toutefois pas que d'aliments et d'air, mais aussi de pensées et d'émotions. Si nous entretenons des pensées positives et optimistes, notre santé psychique s'améliore. Alors, appliquons au quotidien cette formule de Voltaire : « J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé. »

(1) Le cerveau est protégé par une enveloppe très sélective appelée barrière hématoméningée.

Notre chroniqueur Christian Brun, un naturopathe reconnu et engagé

Né en 1951, Christian Brun manifeste, dès son plus jeune âge, un vif intérêt pour les sciences naturelles et médicales, qui le conduit, à 18 ans, à entamer des études de naturopathie et d'hygiène vitale. Après avoir exercé à Angers, il s'installe à Paris et complète sa formation par des spécialisations en aromathérapie, iridologie et massages. Il collabore en outre cinq ans avec Pierre-Valentin Marchesseau, grande figure de la naturopathie, et commence à donner des cours et conférences en France et à l'étranger. Fort de ces expériences et soucieux de voir grandir le nombre de naturopathes compétents en France, il crée le Centre européen d'études et de recherches naturopathiques, à Paris. Auteur de nombreux ouvrages, dont Le grand livre de la naturopathie (Ed. Eyrolles), il est aujourd'hui naturopathe consultant à Versailles, et continue d'enseigner la discipline dans différents organismes de formation en France et à l'étranger. Spécialiste reconnu en naturopathie, anatomie physiologie, biothérapies, diététique-nutrition, endocrinologie, ménopause, andropause, maladies respiratoires hivernales, troubles thyroïdiens, hypertension, etc...

Dans la Revue du Club Solutions Santé Nature, Christian Brun vous apporte chaque mois son éclairage spécifique sur un sujet santé, sans oublier de vous livrer, au passage, ses précieux conseils.

Sur le même sujet

    Réagissez
    Sans Pseudo, vous apparaitrez en Anonyme
    *Veuillez ajouter un commentaire.