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Dr Jean-Paul Curtay : “Manger trop de viande nuit à la santé”

Aujourd'hui, on mange en moyenne 11 repas à base de viande par semaine en France. 

Le médecin nutritionniste est l'un des premiers signataires de l'appel des 500 pour un « lundi vert », sans viande ni poisson (1). Il nous explique ici pourquoi la consommation excessive de viande peut dégrader notre état de santé, contrairement aux nombreuses idées préconçues qui circulent encore.

Dans le livre "Moins de viande", que vous avez coécrit, vous nous proposez de modifier nos habitudes alimentaires. Pourquoi ?

Dr Jean-Paul Curtay : La consommation de viande a explosé ces cinquante dernières années avec l'industrialisation de l'élevage. Aujourd'hui, on mange en moyenne 11 repas à base de viande par semaine en France. Cette consommation, qui était inférieure à 20 kilos par habitant et par an à la fin du XVIIIe siècle, est désormais supérieure à 60 kilos par habitant et par an. Un véritable lobby de la viande nous a poussés à cette modification de nos habitudes alimentaires. Or, aujourd'hui, toutes les études épidémiologiques montrent qu'une consommation excessive de viande augmente les risques de maladies cardio-vasculaires, de diabète, d'obésité, de cancer et de maladie d'Alzheimer.

La viande a-t-elle néanmoins un intérêt nutritionnel ?

Elle apporte surtout des vitamines et minéraux qu'on ne trouve pas toujours ailleurs, notamment la vitamine B12, le zinc et le fer. Les femmes enceintes ou allaitantes, les femmes qui perdent beaucoup de sang pendant leurs règles, les enfants et les adolescents en pleine croissance ont un besoin accentué en fer. Pour ces populations, il reste utile de consommer 100 à 120 g de viande par jour, l'apport en fer par les végétaux étant possible mais problématique. Les hommes, les femmes ménopausées et les séniors peuvent tout à fait se limiter à un plat de viande par semaine car ils n'ont pas besoin de fer (pas de déperdition sanguine, ndlr). Les végétariens et végétaliens doivent eux se supplémenter en B12 et en zinc.

Les produits carnés apportent toutefois aussi des protéines...

Consommer du soja, du quinoa, des graines de chia (protéines complètes, ndlr) ou toute association de légumineuses et de céréales (par exemple du riz et des haricots rouges, ndlr) ainsi que des œufs, notamment le blanc, permet de faire le plein en protéines aussi complètes que celles présentes dans la viande.

Comment expliquez-vous les effets néfastes de la viande ?

Elle est très riche en graisses saturées et oméga-6, notamment l'acide arachidonique, qui favorise le développement des maladies cardiovasculaires. Ce type de graisses, tout comme le fer, est très inflammatoire, ce qui perturbe aussi le microbiote intestinal. Or, la perturbation de la flore du colon est maintenant reconnue comme un contributeur majeur à de nombreuses pathologies comme l'obésité, le diabète, les maladies neuro-dégénératives. La viande est également très riche en bactéries et en virus. Enfin, n'oublions pas les résidus de pesticides et d'antibiotiques que l'on trouve dans la viande, en raison de l'industrialisation de l'élevage. Ces traces de produits chimiques agissent comme perturbateurs endocriniens et contribuent à dérégler notre système hormonal.

Devons-nous tous devenir végétariens, voire végans ?

Pour ma part, je prône plutôt le flexitarisme, avec la consommation très occasionnelle d'une viande de qualité bio, issue d'animaux élevés en plein air et au pâturage. Je préconise plutôt la viande rouge, moins contaminée par les virus et les bactéries que la viande blanche, le poulet notamment. Je m'insurge contre les pratiques de l'élevage industriel. Il conduit à la souffrance animale et pollue la planète en gavant les animaux de soja OGM arrosé de glyphosate, importé des zones déforestées d'Amérique du Sud.

Votre message est-il aujourd'hui entendu ?

Cela fait dix ans que les sociétés savantes mettent en garde contre l'excès de viande. Aujourd'hui, avec les scandales sanitaires récents et les préoccupations croissantes pour le climat et l'environnement, le discours de santé publique commence enfin à être entendu. J'ai bon espoir car selon les enquêtes de consommation, la viande a baissé de 12 % en France ces dernières années, tandis que les produits végans ont progressé de 25 % en 2018. Les jeunes affirment vouloir manger nettement moins de viande et un tiers des ménages se disent aujourd'hui flexitariens.

(1) https://www.lundi-vert.fr/ Initiative lancée dès 2003 par l'école de santé publique John Hopkins aux États-Unis, aujourd'hui reprise par plus de 40 pays. La France a officiellement rejoint le mouvement le 7 janvier dernier.

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    1 commentaire
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    Anonyme  Le 01/06 à 13:49

    On nous donne de la viande plus que tous les jours dans les hôpitaux ´boulettes’ infectes ´porc ou poulet tout sec Tout Ce qui est rentré ds la chambre et pas consommé ´tout est jeté avec ou sans emballage Sans aucun tri Gaspillage. Incroyable de jeter ! Et sans tri ! Ou faire remonter ces constats.