Ma rencontre avec l'huile de Haarlem ne doit rien au hasard, mais tout à Pierre Valentin Marchesseau, mon mentor. Après des études secondaires classiques, j'effectuais un job d'été dans une banque bien connue du Boulevard des Italiens à Paris, avant de partir pour Séville, en Espagne, en charmante compagnie. Je ne savais pas encore quelle direction prendre pour mon avenir : médecine, kinésithérapie... ? Je rencontrais alors un autre stagiaire, avec lequel je sympathisais, qui, face à mon questionnement concernant mon avenir, me demanda si je connaissais la naturopathie. La quoi ? La naturopathie ? La nature qui a mal aux pattes ? Bien entendu, il faut resituer cet épisode dans le contexte des années 1970 : à cette époque-là, on ne parlait pas encore de naturopathie et les moyens de communication n'étaient pas aussi évolués qu'en 2019. À peine voyait-on des magasins dits « de régime » ouvrir avec des enseignes comme La Vie Claire et des laboratoires très restreints comme Vitagermine, Super Diet ou encore Diétacaron. Les adeptes du bio étaient très marginaux et considérés comme des soixante-huitards retardés du style hippies. Il est vrai que les boutiques étaient poussiéreuses, tristes et tenues par des personnages au teint vert ou gris qui ne rayonnaient pas par leur sens de l'humour et leur joie de vivre.
Une rencontre déterminante avec le père de la naturopathie
Ce camarade de stage d'été me conseilla d'écrire à l'Académie Desbonnet rue du Faubourg-Poissonnière à Paris, là où officiait Pierre Valentin Marchesseau. Ce que je fis, en lui expliquant mon dilemme concernant mon avenir professionnel. Il m'invita à venir le voir pour en discuter de vive voix. Cette rencontre fut une révélation et marqua le tournant de ma vie professionnelle. Pierre Valentin Marchesseau m'expliqua en quelques minutes et avec toute la pédagogie qui le caractérisait, ce qu'était la naturopathie. En septembre, je m'inscrivis à ses cours. Après avoir passé mes examens et commencé à enseigner comme prof de yoga et diététicien à Angers puis à Paris, tout en continuant à écouter les conférences mensuelles de Pierre Valentin Marchesseau, j'ai eu le plaisir, avec autant d'étonnement que de fierté, d'être son assistant et collaborateur pendant 6 ans jusqu'en 1988. J'ai, sous sa direction, animé des cours et des conférences en France et à l'étranger, et organisé avec son épouse Colette, six congrès de naturopathie.
"Pierre Valentin Marchesseau, père de la naturopathie moderne, conseillait cet alicament à ceux qui le consultaient et lui faisaient confiance"
Et c'est durant nos entretiens professionnels, personnels et nos voyages, que j'ai entendu pour la première fois parler de l'huile de Haarlem. Pierre Valentin Marchesseau aimait conseiller cet alicament aux personnes qui le consultaient et lui faisaient entièrement confiance.
Un jour, effectuant comme chaque année des conférences lors du salon Hygiane de Strasbourg (prochaine édition les 5 et 6 octobre 2019) au cours desquelles je citais avec enthousiasme l'huile de Haarlem, vieille spécialité française mise sur le marché en 1924, je rencontrai le Dr Philippe Van Der Gucht-Lefèvre. Celui-la même qui fabriquait et vendait ce produit, combinaison de soufre, d'huile essentielle de pin (térébenthine) et d'huile de lin (et qui existe actuellement en capsules gastro-résistantes).
Et c'est ainsi que mon histoire avec l'huile de Haarlem a commencé. Je n'ai depuis jamais cessé de la conseiller en consultation et d'en prendre régulièrement à titre personnel en préventif ou en curatif notamment en cas de rhume.
Une histoire sulfureuse
Avant toute chose, et pour faire taire les mauvaises langues, je n'ai jamais eu, en 40 ans de pratique et d'utilisation de ce complément alimentaire, de déboire particulier. Mais voyons maintenant concrètement en quoi consiste ce produit soufré et quelle est son histoire... sulfureuse !
L'apparition de l'huile de Haarlem ou medicamentum gratia probatum date de la fin du XVIe siècle et est liée à l'histoire de l'alchimie notamment hollandaise. Elle fait partie du patrimoine néerlandais. Haarlem est une ville des Pays-Bas, capitale de la province de Hollande Septentrionale. En 1696, Claes Tilly formule et compose ce remède connu à l'origine pour guérir les maladies de reins et de la vessie. Mais c'est surtout sous l'impulsion du Professeur Hermann Boerhaave, qui a mis au point sa fabrication, que son usage s'est vite répandu en Europe.
Qu'est-ce que l'huile de Haarlem ?
C'est un produit de confort qui possède une action sur la santé et non sur la maladie ! Le résultat d'une combinaison à base de soufre organique non oxydé (16 %), d'huile de lin (4 %) et d'huile essentielle de pin (80 %). Et c'est cette combinaison qui octroie à l'organisme un soufre organique assimilable ou biodisponible c'est-à-dire un soufre organique non oxydé.
Le soufre est un métalloïde indispensable à l'organisme humain et les besoins journaliers sont supérieurs à 100 mg environ (le renouvellement cellulaire exige un apport quotidien de 850 mg de soufre). L'apport journalier en acides aminés soufrés est estimé à 13-14mg/kg de poids.
Notre organisme a besoin d'un complément de soufre en cas de :
- alimentation déséquilibrée et manque d'apports.
- assimilation perturbée (problème de flore intestinale par exemple).
- demande de soufre plus importante lors du vieillissement.
Quels sont les signes cliniques d'une carence en soufre ?
- Un ralentissement de la pousse des cheveux et des ongles.
- Une augmentation de la vulnérabilité aux infections, baisse des défenses antioxydantes...
- Les végétariens, avec leur régime bien souvent carencé en méthionine, ainsi que les immunodéficients sont des sujets à risque de carence en soufre.
On ne rapporte toutefois aucun problème dû à un excès en soufre.
Les propriétés pharmacologiques de l'huile de Haarlem
- Stimulation des cortico-surrénales (2)
- Antiseptique et modification des sécrétions bronchiques
- Antirhumatismale (3)
- Effet anti-inflammatoire (4)
- Effet sur l'activité de la S.O.D. plasmatique (5)
Les indications majeures
- Les troubles du fonctionnement hépatobiliaire
- Les troubles associés à une lithiase urinaire
- Certaines manifestations arthritiques
- Les affections bronchiques
- Les parasitoses intestinales (oxyurose, ascaridiose...)
Attention : l'huile de Haarlem est contre-indiquée en cas d'allergie aux œufs et au soufre.
Quelle posologie ?
L'apport quotidien recommandé est de l'ordre de 850 mg, rarement comblé par l'alimentation (ail, oignon, choux, brocoli, cresson, artichaut, poireaux, radis noir, œufs, etc.). La posologie doit être individualisée, toutefois, en général, il est conseillé : 1 gélule le soir au coucher pendant 1 semaine puis 2 gélules au coucher pendant 1 mois.
(1) Source : Plantes & Santé n°101 - avril 2010
(2) Travaux des Drs J.Lefèvre et R. du Boistesselin, Dunet et Canal - Etude histologique et bioclinique sur la stimulation fonctionnelle cortico-surrénal par un terpéne soufré administré par os - cahier de thérapie 1958 et 1959
(3) Travaux de Loeper - action antirhumatismale du soufre Godman 5ème édition 1960
(4) Travaux du prof. Jacquot - étude pharmacologique : effet anti-inflammatoire 1986
(5) Travaux du prof. Jacquot 1986
A lire : "L'histoire sulfureuse de l'huile de Haarlem", de Christian Brun, éd. Amyris.